En Syrie, les besoins humanitaires demeurent extrêmement importants malgré la chute du régime d’Assad en décembre 2024, qui a mis fin à 14 années de conflit. Bien que de nombreuses personnes déplacées aient commencé à rentrer chez elles après la fin des combats, des familles vulnérables qui continuent de vivre dans des conditions précaires et sans accès à un système de protection sociale ont toujours besoin de l’aide humanitaire internationale pour survivre. Grâce à un financement de l’Union européenne, GOAL apporte à des centaines de milliers de personnes une assistance en espèces pour les aider à satisfaire leurs besoins essentiels, notamment en matière de chauffage et d’autres fournitures pour l’hiver.
La nostalgie du foyer
Abu Hilweh s’est réjoui d’apprendre que le conflit en Syrie touchait à sa fin. La nostalgie qu’éprouve le jeune homme pour son village était devenue difficile à supporter, lui qui est déplacé depuis 2016.
« J’avais du mal à dissimuler ma nostalgie pour mon foyer, mes voisins – toutes ces bonnes personnes dispersées dans des camps de déplacés. Toutes ces années plus tard, mon cœur est resté dans mon petit lopin de terre, dont j’adore chaque gramme de sol », déclare cet homme de 27 ans, père de quatre enfants.
Outre son épouse et ses quatre jeunes enfants, Abu Hilweh doit également s’occuper des deux fils orphelins de son frère.
Au cours des neuf dernières années, la famille d’Abu Hilweh a été déplacée quatre fois à travers la province syrienne d’Idleb, en quête de sécurité. Lors de son deuxième déplacement, lorsque la famille n’a eu d’autre choix que de rentrer chez elle pour trouver un abri malgré les bombardements massifs qui ciblaient son village, Abu Hilweh a été touché par un missile et a perdu ses deux jambes.
« Le conflit a changé le cours de ma vie de façon très personnelle, entraînant des difficultés qui continuent de m’affecter tant physiquement que psychologiquement », déclare Abu Hilweh. Il ajoute : « Être loin de chez moi tout en essayant de m’habituer à mon handicap… fuir un conflit en fauteuil roulant… tout cela n’a pas été sans conséquence ».
Become a GOALie
Join GOAL's free supporter newsletter to learn more about GOAL's lifesaving work in Syria, Gaza, Ukraine, Sudan and beyond.
Le conflit a changé le cours de ma vie de façon très personnelle, entraînant des difficultés qui continuent de m’affecter tant physiquement que psychologiquement. Être loin de chez moi tout en essayant de m’habituer à mon handicap… tout cela n’a pas été sans conséquence.
Un retour incertain
Bien que le conflit ait pris fin, Abu Hilweh et sa famille sont restés dans un abri temporaire au sein du groupe de camps qui parsèment la périphérie de Kelly, un village situé près de la frontière syrienne avec la Türkiye où des centaines de milliers de déplacés de tout le pays ont cherché refuge. La famille d’Abu Hilweh compte parmi les 45 000 personnes ayant reçu une aide de la part de GOAL pour la période hivernale.
Financé par l’Union européenne, ce programme d’aide en espèces vise à permettre aux familles les plus vulnérables touchées par le conflit d’accéder à des fournitures de chauffage et de satisfaire d’autres besoins essentiels liés à l’hiver afin de survivre aux journées les plus froides de l’année. Ce programme fournit ainsi une aide vitale indispensable aux familles vivant dans des camps de déplacés.
« Après avoir appris que le gouvernement d’Assad avait été renversé, je n’ai cessé de penser à retourner dans mon village et à vivre dans une maison qui m’appartienne, qui puisse protéger ma famille, avec une porte rassurante. Être protégés de la chaleur et de la poussière de l’été, et du froid et du gel de l’hiver. Qui parmi nous peut résister au rêve d’avoir une maison à soi pour s’y installer librement ? », continuer Abu Hilweh.

Cependant, le souhait d’Abu Hilweh de vivre dans une maison à lui risque de demeurer un rêve lointain dans un avenir proche.
« Lorsque j’ai visité notre village après la chute du régime d’Assad, j’ai trouvé notre maison entièrement démolie par les bombardements. Il ne reste de mes souvenirs qu’un tas de pierres. »
« Mais le plus douloureux, c’est que même si j’avais accès à un abri dans mon village, mes problèmes de mobilité m’empêcheraient de m’y réinstaller jusqu’à ce que je puisse trouver les ressources nécessaires pour voyager, car je suis confiné à un fauteuil roulant », explique Abu Hilweh.
S’appuyer sur l’espoir
Pour Abu Hilweh, les difficultés liées aux conditions hivernales ont été l’un des aspects les plus complexes de la vie en déplacement.
« Lorsque l’on est contraint de fuir sa maison, il n’est pas toujours facile de trouver un endroit convenable pour vivre. À un moment, nous avons dû planter des tentes sur un terrain agricole avec mes trois frères et leurs familles. Nous avons beaucoup souffert. »
« Imaginez-vous prier pour qu’il ne pleuve pas pendant tout l’hiver, parce que la pluie m’obligeait à rester dans la tente pendant des jours. Je devais compter sur mes voisins pour obtenir des provisions pour mes enfants, car il m’était impossible de me déplacer en fauteuil dans la boue », explique-t-il.

Cette aide nous apporte de la sécurité, de l’assurance et un peu de chaleur.
Abu Hilweh affirme que l’espoir a été sa plus grande ressource dans ces moments difficiles. « J’ai eu beaucoup de mal à subvenir aux besoins de ma famille. J’ai dû braver toutes les circonstances tragiques de la vie pour nourrir nos jeunes enfants et les garder au chaud », explique-t-il.
L’assistance apportée par GOAL pour l’hiver a contribué à renforcer sa détermination. « Cette aide nous apporte de la sécurité, de l’assurance et un peu de chaleur. Elle m’évite d’avoir à me déplacer pour ramasser des brindilles, des sacs en nylon et des boîtes en carton vides afin de les utiliser comme combustible de chauffage », poursuit Abu Hilweh.
« Lorsque l’on est déplacé, l’arrivée de l’hiver est toujours terrifiante, car le chauffage peut devenir un besoin plus important que la nourriture et l’eau pour une personne handicapée comme moi. L’aide de GOAL pour la période hivernale m’a permis de planifier l’achat de vêtements en laine pour mes enfants et mes neveux orphelins pour la première fois depuis des années. Elle nous a aidés à acheter un nouveau poêle à bois et des fournitures de chauffage. Nous avons même pu inviter nos voisins dans notre abri pour prendre le thé ensemble dans la chaleur de notre famille », conclut Abu Hilweh.

GOAL en Syrie
Après plus de dix ans de conflit, la Syrie compte plus de 6,8 millions de déplacés internes. Au total, 70 % des Syriens ont besoin d’une aide humanitaire et en dépendent pour survivre au quotidien.
Les équipes de GOAL travaillent sur le terrain en Syrie depuis que le conflit a éclaté en 2012. L’année dernière, le programme d’intervention d’urgence de GOAL est venu en aide à plus de 287 000 personnes nouvellement déplacées en leur apportant de la nourriture, du matériel de cuisine et une assistance financière. Grâce au travail mené par les ingénieurs de GOAL qui réparent les dommages causés à l’infrastructure du réseau d’eau, plus de 1,3 million de personnes ont désormais accès à l’eau potable dans leur maison. Par ailleurs, 430 000 personnes bénéficient du programme de production de pain de GOAL dans le nord-ouest de la Syrie.
Notre impact en chiffres
+1.3 million
Fournir une eau salubre à plus de 1.3 million de personnes
+430 000
Fournir du pain à plus de 430 000 personnes chaque jour
2,8 millions
De personnes aidées en 2024
2012
GOAL commence ses interventions en Syrie
L’histoire de Louay
Louay Tajiddin, un ingénieur en eau et assainissement de GOAL en Syrie, partage son expérience personnelle, lui qui a dû quitter son travail et son domicile en raison du conflit dans le pays.
Il souligne les difficultés rencontrées par les Syriens du fait du conflit prolongé et l’importance de bénéficier d’un accès à des services de base, en particulier l’eau salubre.
Pour aider les communautés vulnérables en Syrie, Louay a mis ses compétences et son expérience au service de l’action humanitaire.
« Il était difficile de voir de plus en plus de familles vulnérables souffrir dans un contexte de déplacement et de conflit. Mais je savais que ce n’était pas une fatalité. J’ai senti que je pouvais faire plus pour mes concitoyens, étant donné mon expertise dans l’entretien des infrastructures de service public. C’était quelque chose dont ma communauté avait désespérément besoin. »
Apprenez-en davantage sur la façon dont Louay et d’autres membres du personnel de GOAL en Syrie, grâce au financement de l’Union européenne, réparent et assurent un approvisionnement en eau salubre à plus de 800 000 personnes dans le nord-ouest de la Syrie.
